Question d’actualité d’Audrey Normand sur l’accueil des Mineurs Non Accompagnés

Session du 23 novembre 2016

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Monsieur le Président,
Il y a près d’un mois, notre collectivité répondait à l’indispensable mobilisation citoyenne qui était demandée dans le contexte du démantèlement du campement de Calais en accueillant plusieurs dizaines de mineurs non accompagnés, dans le centre d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés (CAOMI) provisoire du site de Sion.
Dans notre pays, ces mineurs sont placés sous la responsabilité légale des conseils départementaux. En assurant un accueil et un hébergement dignes à quarante mineurs vulnérables, ici en Meurthe-et-Moselle, nous avons donc assumé notre part de responsabilité et notre devoir de protection, en renforçant nos valeurs de solidarité qui ont été malmenées ces dernières semaines par des populistes cherchant une tribune au mépris de l’humain.
Je tiens à souligner ici la réactivité et le travail formidable réalisé dans l’urgence par les professionnels des services départementaux et du Réseau Éducatif de Meurthe-et-Moselle. Cette prise en charge rapide et complexe a par ailleurs été possible grâce à l’accompagnement des services de l’État, la contribution d’Arelia, des élus locaux, des soeurs Clarisse, des associations du territoire, et de ma collègue Agnès Marchand, particulièrement mobilisée durant ces dernières semaines, ainsi que la détermination qui a été la vôtre, Cher Président, pour garantir à ces jeunes les conditions de vie décentes légitimement dues à des adolescents.
Les médias ont fait état de premiers départs précoces et de jeunes qui n’avaient en tête que l’objectif d’atteindre la Grande-Bretagne, à n’importe quelles conditions. Ma question sera donc la suivante : un mois après les premiers accueils, quel bilan peut-on dresser de cet accueil temporaire ?
Je vous remercie.

Réponse d’Agnès Marchand, vice-président déléguée à l’enfance, à la question d’Audrey Normand sur le bilan que l’on peut dresser un mois après le premier accueil, de cet accueil temporaire à Sion.

Sur la situation des jeunes :

  • Après un début d’accueil complexe, qui s’est traduit par le départ de la moitié environ des premiers MNA accueillis, la situation s’est très vite stabilisée pour ces jeunes. La meilleure preuve est l’arrivée et la présence dans son entièreté du deuxième groupe de MNA de Calais accueillis une semaine plus tard. Nous avions des inquiétudes sur la capacité de cohabitation entre les différents jeunes, et finalement tout ce passe dans la sérénité donc c’est une preuve à la fois de leur bien-être relatif, mais aussi du lien de confiance que nous avons su créer.
  • Dans cette sérénité, le travail avec les autorités anglaises est primordial, et je vous annonce qu’ils sont finalement arrivés, en lien avec une coordination nationale, hier sur site pour étudier l’ensemble des dossiers.
  • Je tiens néanmoins à rappeler dans ce contexte favorable l’extrême fragilité des jeunes, certaines problématiques psychologiques sont révélées, et leur volonté étant pour la grande majorité de rejoindre le Royaume-Uni, ils restent dans l’inquiétude des informations à ce sujet.

Sur la situation autour de l’accueil des jeunes :

  • Contrairement aux rumeurs, aux fausses informations que nous faisons taire grâce à différentes réunions organisées sur le territoire, aucun trouble n’est à signalé et la cohabitation avec les visiteurs fréquents du site de Sion se fait de façon tout à fait normale.
  • Ce que je tiens à souligner surtout c’est l’importante mobilisation solidaire des acteurs du territoire et des bénévoles qui s’est manifestée. Le 3 novembre dernier, je réunissais avec Dominique Potier et sa suppléante, une dizaine d’associations pour envisager quelles activités nous pourrions faire pour occuper les jeunes. Des bénévoles apportent en outre gâteaux et vêtements de façon spontanée et c’est la raison pour laquelle le département a créé une adresse mail pour collecter toutes ces intentions solidaires et fraternelles : benevolatmineursdeca@departement54.fr

Vous le voyez donc, le bilan que l’on peut dresser après un mois, c’est celui d’une situation apaisée, dans un contexte très difficile, d’urgence humanitaire. Les partenaires, que ce soit l’Etat, Arelia, les associations, les élus locaux, les sœurs clarisse, ont été formidables de réactivité ; et c’est aux professionnels du REMM, très sollicités que j’adresse mes dernières félicitations chaleureuses pour leur travail qui me rend fière d’être élue locale et vice-présidente en charge notamment de l’enfance dans ce département.