Intervention de Michèle PILOT sur la réforme structurelle du financement de la perte d’autonomie

Session du 26 mars 2018 | Intervention de groupe sur la motion déposée par la majorité

Michèle PILOT,  présidente de groupe

Pour une réforme structurelle du financement de la perte d’autonomie (motion)


Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le Président,

Mes cher.e.s collègues,

La motion qui nous est présentée par notre collègue Annie Silvestri pose les enjeux en matière d’autonomie et rappelle l’urgence de la refonte du système de financement.

Dans 30 ans, près d’un français sur 3 aura 60 ans et on estime à 2,6 millions de personnes, celles qui dans une soixantaine d’années pourraient être en perte d’autonomie.

Le financement de la perte d’autonomie est un enjeu majeur pour notre société et il répond à une nécessité : garantir une bienveillance à l’égard de nos aînés dans l’accompagnement de l’avancée dans l’âge.

J’insiste volontairement sur ce terme de bienveillance car aujourd’hui c’est bien sa préservation qui au cœur de nombreuses revendications portées par les personnels des EHPAD.

Nous sommes face à plusieurs niveaux d’alerte concernant la question de l’autonomie:

  • Tout d’abord le financement général de l’APA : les départements sont au cœur du dispositif de financement de l’APA. Face à l’évolution de la démographie, nous allons être confrontés à une charge financière qui ne cessera d’évoluer et pour laquelle la compensation n’est pas au rendez-vous. Nous ne pouvons être seuls à faire face à cette situation.
  • Le deuxième niveau d’alerte concerne les services d’aide à domicile : certains connaissent une asphyxie financière grandissante qui menace leur survie et l’accompagnement des personnes.
  • Enfin, le 3ème niveau d’alerte concerne la situation des EHPAD :

Les établissements doivent faire face pour certains à des équilibres financiers intenables qui ont des répercussions lourdes sur le travail des personnels et l’accompagnement des résidents.

Nous touchons à la question sensible de la prise en charge dans des conditions humaines des personnes, relevant de l’attente des résidents et de leurs familles. Nous touchons à la bienveillance.

Lorsque la question financière condamne l’acte humain nous atteignons les limites d’un système.

Il convient aussi d’anticiper le fait que dans quelques années les établissements vont accueillir des personnes présentant des pathologies plus lourdes, voir des polypathalogies  qui nécessiteront une prise en charge encore plus importante. Or aujourd’hui, si les GIRH ont évolué, les ratios d’accompagnement eux, restent inadaptés.

Nous menons depuis de nombreuses années, au département, une politique volontariste à destination de nos aînés. Nous avons toujours eu le souci de l’accompagnement digne. Nous avons toujours voulu travailler à l’anticipation de l’évolution de la société et des besoins des personnes.

Aujourd’hui, nous devons être au cœur du débat sur le financement de la perte d’autonomie. Nous dépassons le cadre d’un débat politique, il s’agit avant tout d’un débat de société, d’un débat qui concerne chaque citoyen, chaque famille.

Il y a nécessité à une réforme structurelle du financement autour d’une solidarité nationale et universelle.

Les assises seront l’occasion de nourrir le débat de propositions et de porter la voix de l’expérience de l’ensemble des acteurs.

Ce sera aussi l’occasion, de pousser les réflexions concernant l’EHPAD du futur. Un EHPAD qui pourrait être pensé avec les résidents en fonction de leurs besoins.

Un EHPAD avec des aménagements modulaires, bénéficiant des avancées technologiques comme des détecteurs d’humidité au sol, des détecteurs de chutes, des sols amortisseurs, des chemins lumineux.

Un EHPAD intégrant la question du lieu de vie : un lieu de vie pour en faire quoi ? Un lieu de vie global, un lieu de vie privatif « un chez soi », un lieu ouvert sur son environnement, un lieu où la famille à une place à part entière.

Cette motion, mes chers collègues trace les lignes de ce qui va nous mobiliser dans les mois qui viennent et plus encore, elle nous rappelle pour qui nous le faisons. La bienveillance ne doit jamais être une intention, elle doit être un acte.

Je vous remercie.