Question de Marie Al Kattani sur le Contrat Engagement Jeune

Session de septembre 2022

Questions d’actualité au Préfet

Monsieur le Préfet,

Notre conseil départemental connaît la volonté du Gouvernement d’améliorer l’insertion des jeunes éloignés de la formation et de l’emploi, grâce à son Plan « 1 jeune, 1 solution » lancé en 2020 ; et j’en profite pour remercier tous les acteurs qui œuvrent dans ce domaine.

Cependant, le nouveau dispositif « Contrat Engagement Jeune », qui a remplacé la « Garantie Jeunes » depuis mars 2022, pose question sur plusieurs points.

Tout d’abord, l’obligation de réaliser un quota de 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires pour bénéficier du Contrat Engagement Jeune (CEJ) suppose pour les Missions Locales d’avoir nombre de propositions d’accompagnement et de partenaires ; ce qui pourrait être rendu plus difficile dans les zones périurbaines et rurales.

De plus, cela ajoute un nouvel acte à des personnels en sous-effectif et débordés, et ce sans moyens supplémentaires. Le temps consacré à cette forme de contrôle social se fait au détriment de l’accompagnement pertinent de ces jeunes en rupture, dont certains peuvent être repoussés par sa rigidité.

Les objectifs des Missions Locales, tant au niveau national que localement, ne peuvent se résumer à des aspects quantitatifs et occupationnels. Il en va de la qualité de l’accompagnement des usagers, tout autant que du bien-être au travail des conseillers et conseillères (dont on peut mentionner le malaise). Le travail social, dans le cas du CEJ comme dans sa globalité, ne doit pas faire primer la quantité sur la qualité. Les Missions Locales sont dans l’accompagnement global, ce ne sont pas des Pôle Emploi « jeunes ».

Les Missions Locales et Pôle Emploi, acteurs majeurs du Service Public de l’Emploi (SPE), doivent rester partenaires et ne pas devenir concurrents. En outre, comment expliquer les sanctions envers des centaines d’usagers, en réduisant ou supprimant leur allocation ? Que deviennent ces jeunes après leur sortie du dispositif ?

Monsieur le Préfet, il semble nécessaire d’évaluer et d’adapter les critères de mise en œuvre et d’attribution du CEJ.

Notre Département, dans son projet à horizon 2028, donne la priorité à l’émancipation et la réussite de la jeunesse, notamment avec la future expérimentation d’un revenu d’émancipation jeunes.

Je tiens à rappeler également notre soutien et notre partenariat avec les six Missions Locales de Meurthe-et-Moselle. Nous souhaitons poursuivre cette collaboration du mieux possible.

Enfin, nous savons que le Gouvernement, à travers le CEJ, prépare ses futures réformes du RSA et de l’assurance-chômage. Les difficultés que je viens d’évoquer ne feront donc que dégrader encore plus nos services publics déjà sous tension.

Je vous remercie.

Marie AL KATTANI

Conseillère départementale du canton de Nancy 1, déléguée à l’innovation en matière d’autonomie