Session du 25 juin 2018 | Questions d’actualité
Véronique BILLOT, déléguée au territoire du Grand Nancy
Fermeture du site nancéien Pages Jaunes
Monsieur le président,
L’intersyndicale du site nancéien Pages Jaunes, membre du groupe SoLocal, a interpelé le Conseil départemental en mai dernier suite à l’annonce de la fermeture de 15 sites locaux sur les 18 que compte le groupe, dont celui de Nancy. Cette réorganisation se traduira par la suppression de 1 000 emplois, dont 190 à Nancy.
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la volonté du groupe de se développer. Pour autant, j’attire votre attention sur le fait que loin d’être en difficulté, le groupe enregistre d’importants bénéfices en lien avec la croissance mondiale du modèle économique digital.
Cette annonce de fermeture est d’autant plus préjudiciable concernant le site de Nancy qu’il bénéficie au sein du territoire grand-nancéien d’un écosystème reconnu à l’échelle européenne et labellisé French Tech. Il y a de toute évidence ici une réelle opportunité pour le développement des activités digitales du groupe SoLocal, et l’environnement favorable à la réussite de ce modèle économique.
C’est pourquoi, je regrette que le groupe, classé dans le top 10 des groupes Internet en France, mise sur une « rationalisation de ses implantations » et abandonne ainsi ses sites de province pour devenir, dans sa logique, « l’un des champions du digital en France ». Not SoLocal, dirions-nous !
Si l’hypothèse de fermeture du site de Nancy devait être confirmée, et ce bien qu’il représente à ce jour une part majeure du chiffre d’affaires du groupe, près de 200 emplois seraient supprimés. Au-delà des réelles difficultés sociales pour les salariés concernés, c’est l’ensemble du bassin d’emploi de Nancy qui serait fragilisé.
Que vont devenir les « ninjas de la vente » que le groupe recrutait encore il y a un an à Nancy ? Je le demande non sans ironie, mais avec l’amertume que connaissent aujourd’hui ces employés et leurs représentants que nous avons reçus.
Monsieur le Président, vous êtes informé des difficultés du site nancéien des Pages Jaunes. De quelle manière le conseil départemental peut-il se mobiliser en faveur de son maintien ?
Je vous remercie.
Réponse de Laurent TROGRLIC, délégué au développement économique et à l’attractivité
Madame la déléguée,
A l’instar de nombreux acteurs du Grand Est, nous avons reçu ensemble à leur demande, le 28 mai dernier les représentants syndicaux du site nancéien Pages Jaunes.
Vous avez raison de souligner que cette restructuration n’est pas la traduction d’un projet industriel en difficulté. Cette entreprise, comme beaucoup au sein du secteur numérique, connaît une croissance significative.
Le risque est réel, avec la suppression de nombreuses filiales et un futur partenariat avec Microsoft, d’une perte de souveraineté sur les DATA détenues par le groupe alors que celles-ci constitue la ressource sur laquelle se développe l’économie digitale. La stratégie de fermeture de sites et de suppressions d’emplois massives du groupe apparaît donc de nature à fragiliser la place de la France dans le développement de l’économie numérique à l’heure où la concurrence des grandes plateformes, les Gafa, et d’autres nations comme les Etats-Unis ou la Chine s’exacerbe.
Cette stratégie semble également faire l’impasse comme vous le soulignez, concernant Nancy, sur la qualité de l’environnement économique de son site Pages Jaunes En effet, il est regrettable que la stratégie financière de l’entreprise néglige l’opportunité que représente la métropole Lor’N Tech portée par le Sillon Lorrain, pour le développement de ses activités, au service de sa croissance mais également de la réussite de ce modèle économique dans le Grand Est.
Enfin, je ne reviens pas sur la fragilisation du bassin d’emploi de Nancy que vous avez évoquée. Près de 200 familles fragilisées c’est un coup social très dur.
Compte tenu de ces éléments, j’ai écrit le 30 mai dernier au secrétaire général du groupe Solocal lui demandant de bien vouloir prendre en compte les différents arguments et éléments d’alerte qui viennent d’être rappelés. De la même manière, j’ai alerté la ministre du Travail et de l’Emploi ainsi que le ministre de l’Economie.