Question de Frédéric MAGUIN sur la mobilité ferroviaire

Session de mars 2019 | Question d’actualité

Frédéric Maguin, conseiller départemental du canton Nancy-3

Mobilité ferroviaire & accessibilité

Monsieur le Président,

Je souhaitais, une fois encore,  vous faire part de l’inquiétude et même de la sidération de nos concitoyens quant à la situation du transport ferroviaire de voyageurs sur notre département, et sur la région.

Les alertes sont régulières et tenaces. Aussi, force est de constater une réelle dégradation de l’accessibilité des services ferroviaires sur notre territoire. On sait ce qui devrait être fait, et on fait l’inverse.

Quelques exemples pour s’en convaincre :

A la gare de Blainville-Damelevières, les personnes à mobilité réduite sont « gentiment » renvoyées en gare de Nancy ou de Lunéville pour monter dans un train !

A la gare de Pagny-sur-Moselle, 5e gare du Département en termes de voyageurs, c’est la fermeture du guichet de gare qui a été vraisemblablement actée ; les élus locaux et le sénateur Jacquin ayant juste obtenu à ce jour de la SNCF et de la Région le maintien de l’ouverture du hall de gare au public.

De plus et ce, sur l’ensemble du réseau régional, les usagers des TER qui achèteront leur ticket à bord devront payer un surplus forfaitaire ; que leur gare de départ dispose ou non d’un guichet, que leur gare de départ dispose ou non d’un distributeur de titres. En opposition avec cette pratique, je partage ici la position de la FNAUT Grand Est qui déplore que « la région Grand Est et la SNCF déploient les sanctions avant d’offrir l’offre » et relaie la demande de report, et même de suppression, de ces nouvelles règles de tarification inique !

Si au niveau national, pour des billets intercités, 90% de gens qui achètent un billet le font par Internet, au niveau régional pour les billets TER, ce ne sont que 31% !

Avec l’instauration du tout numérique et la baisse des effectifs à la SNCF, c’est ici des personnes à mobilité réduite qu’on laisse sur le quai de gare, et c’est ailleurs des personnes que l’on détourne du train, sous prétexte de lutte contre la fraude. Il s’agit là d’un recul du droit à la mobilité que nous devons dénoncer collectivement.

Alors que la Région avait mené une campagne #TouchePasAMonTGV abandonnerait-elle, à son tour, une partie des usagers de ses transports ferroviaires régionaux ? Je pense particulièrement aux usagers du périurbain et du rural et aux personnes en difficultés.

La question des mobilités est au cœur des préoccupations de nos concitoyens. Malheureusement, de telles décisions ne sont pas de nature à lever leurs inquiétudes… bien au contraire !

Monsieur le Président, comment notre Département pourrait-il soutenir les revendications des usagers ? Comment pourrons-nous collectivement nous saisir du prochain Grenelle des mobilités de Lorraine annoncé par le président de Région Jean Rottner.

A l’heure de l’urgence climatique, il serait paradoxal d’offrir une politique des transports moins juste et moins écologique !

Je vous remercie.

Réponse de Mathieu KLEIN, président du Conseil départemental

Je vous remercie de cette question qui est tout autant une position que je partage pour l’essentiel.

Le souci de se déplacer plus facilement et avec une empreinte carbone réduite anime toutes les politiques publiques. L’accès au transport ferroviaire est donc évidemment essentiel. C’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix d’accompagner la ligne Conflans-Batilly aujourd’hui pour permettre à la SOVAB de continuer à disposer d’un accès ferroviaire, malgré le désengagement de la SNCF sur ces lignes-là. qui est particulièrement incompréhensibles, et d’autres lignes dans le département sont logées à la même enseigne.

Je suis tout comme vous soucieux du fait que nous puissions offrir des alternatives crédibles à l’utilisation de la voiture individuelle, et toutes les mesures qui entravent finalement l’accès au TER, en l’espèce, et cela pourrait être le cas pour les TGV, doivent être découragées.

Je partage l’absurdité d’instaurer des pénalités aux usagers qui entrent sans billet dans un TER alors même qu’on ne leur a pas donné la possibilité d’acheter le dit billet dans le gare dans laquelle ils ont emprunté le train.

Il y a aujourd’hui une cohérence à retrouver. J’ai exprimé mon soutien au maire de Pagny-sur-Moselle quant à la fermeture de la gare et du guichet de Pagny, dans ce même souci de préserver la qualité des services publics en proximité.

Je vous rappelle enfin que nous avions d’ailleurs dès le mois de mars l’année dernière exprimé notre vigilance sur le maintien des lignes ferroviaires d’aménagement du territoire qui étaient menacées de suppression ; je pense à Nancy-Merrey tout particulièrement.

Le 27 septembre dernier nous avions, avec le président de la FNAUT, le président du CESER et avec François Vannson, président du Conseil départemental des Vosges, pris une position commune publique, à la fois en faveur de la gare d’interconnexion de Vandières et en faveur du maintien des lignes régionales qui souffrent d’un manque cruel d’investissement.

Ce souci nous le partageons. Vous avez été plusieurs à l’exprimer, je sais que Catherine Boursier a récemment interpellé le directeur de SNCF Mobilités en ce sens dans le cadre du débat de Pagny-sur-Moselle, et je sais que vous êtes très régulièrement sur vos cantons respectifs, les uns et les autres, interpellés à la fois par des usagers et par des élus locaux autour de ces questions. Je ne peux qu’appeler de mes vœux que les conseillers départementaux restent avec les intercommunalités autour de la table des discussions mais je ne peux pas cacher le fait que de discussions, au sens où nous les entendons, c’est-à-dire d’un échange avant décision, avec la SNCF il y en a assez peu en amont des décisions qu’elle est amenée à prendre lorsqu’elle modifie une grille tarifaire, une grille horaire (vous avez vu les modifications sur les lignes à grande vitesse qui sont intervenues et qui ont provoqué des difficultés à Nancy et encore plus à Metz) et encore plus lorsqu’elle décide de modifier la structuration de ses lignes régionales.

Je l’ai aussi redit à Jean Rottner récemment : nous aspirons nous, non pas à se substituer à qui que ce soit sur ce dossier, mais à porter la voix des responsabilités qui sont les nôtres pour le maillage ferroviaire régional -qui est effectivement indispensable de soutenir à l’heure de la transition écologique.