Session du 29 juin 2017 | Question d’actualité
Michèle PILOT, présidente de groupe
Conseillère départementale du canton de Toul

Préservation des savoir-faire de nos filières

Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Le rachat des cristalleries de Baccarat par un fonds d’investissement chinois a surpris bon nombre de Meurthe-et-Mosellans. Les inquiétudes légitimes sont fortes concernant le maintien des emplois et le devenir de la cristallerie.
A l’heure actuelle, la présidente du fonds d’investissement s’est engagée à maintenir la totalité de la production à Baccarat et préserver son savoir-faire. C’est l’enjeu qui nous préoccupe : la préservation des emplois, mais aussi des savoir-faire uniques.
Baccarat est un fleuron de la cristallerie reconnu dans le monde entier et dont l’histoire a débuté il y a plus de 250 ans.
Aujourd’hui, il y a une vraie nécessité à nous engager pour préserver ces savoir-faire qui ont fait l’histoire de notre département et de notre région.
Il y a des secteurs fragilisés comme la cristallerie mais je pourrais aussi parler de nombreux autres, à l’image de celui de la chaussure. Or nous avons aussi une entreprise reconnue, la compagnie vosgienne de la chaussure. Dans ce domaine aussi, il y a une qualité de fabrication qui repose sur un apprentissage particulier.
En tant qu’élus nous devons nous mobiliser pour la préservation de ses savoirs. Il ne s’agit pas de s’immiscer dans la gestion privée d’une entreprise mais d’être attentifs aux conditions qui peuvent participer à garantir son avenir, à valoriser son identité.
La préservation et la transmission des connaissances et des compétences participent au devenir de nos filières. La prise en compte des besoins en formation est un des leviers qui nécessite d’être activé en lien avec nos partenaires dont c’est la compétence comme la Région. La valorisation des techniques me paraît aussi un levier qui doit être renforcé.
Monsieur le Président, je souhaiterai savoir quels sont les axes d’actions que nous pouvons favoriser pour participer à ce qui relève d’un défi collectif ?
Je vous remercie.

Réponse du Président du Conseil départemental, Mathieu KLEIN

Madame la Présidente,

Baccarat est une entreprise Lorraine plusieurs fois centenaire. Baccarat est l’un des fleurons de notre industrie. Son nom est connu dans tout le pays et au-delà de nos frontières. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle intéresse des investisseurs. Peu d’entreprises françaises ont une notoriété aussi importante, symbole du luxe et d’un certain art de vivre à la Française.

J’avais rencontré ses organisations syndicales au mois de mai. Elles m’avaient fait part des difficultés qu’elles rencontraient avec l’actionnaire d’alors. Des promesses n’avaient pas été tenues notamment en termes d’investissements dans l’outil de production ou de développement de la marque à l’étranger sur les marchés émergents. Son actionnaire américain souhaitait s’en séparer.

C’est un fonds d’investissement chinois, Fortune Fountain Capital (FFC), qui a souhaité acquérir la société pour 164 millions d’euros. Bien sûr, cela a pu provoquer des craintes chez les meurthe-et-mosellans. Au nom de notre Conseil départemental, j’ai appelé dès que j’ai été informé du changement d’actionnariat à la « confiance » pour l’avenir de l’entreprise, rassuré par la première intention du fonds qui  s’est engagé à « maintenir la totalité de la production et de la main d’œuvre à Baccarat ». C’est une promesse de bon augure pour la défense des 250 ans d’héritage et de savoir-faire artisanal de Baccarat.

« Confiance » mais aussi « vigilance » de notre part sur la tenue des engagements du nouvel actionnaire. L’activité de Baccarat est absolument essentielle à la vitalité de son territoire. Le conseil départemental a beaucoup investi dans la filière du bijou pour développer cette activité et le savoir-faire de sa population. Nous voulons donc préserver et renforcer cette activité sur notre territoire. Baccarat est l’un des porte-drapeaux du territoire. Cette identité doit être préservée. C’est l’un des messages que je porterai au nouvel actionnaire chinois, qui a invité à une rencontre les acteurs locaux le 12 juillet prochain et où je serai présent.

Vous évoquez dans votre question la compagnie vosgienne de la chaussure, entreprise située à Champigneulles. Je suis allé récemment visiter cette entreprise. C’est l’une des dernières usines productrices de chaussures en France. 140 personnes y travaillent. Elle a été reconnue entreprise du patrimoine vivant, label national, en raison de ses savoir-faire d’excellence. Elle faisait partie du groupe Vivarte, qui est totalement reconfiguré avec la vente des enseignes, et a été rachetée par un fonds industriel allemand. Elle cherche aujourd’hui de nouveaux clients pour pérenniser son activité. Le chef d’entreprise m’a interpelé sur la formation de ses salariés. Il n’existe quasiment plus un lieu en France pour former des salariés aux métiers de la chaussure. Lorsqu’il avait interpellé la Région il y a un an, ses demandes étaient restées lettre morte. J’ai écrit à Philippe Richert pour le prévenir sur les besoins de cette entreprise car c’est la Région qui a cette compétence. Je souhaite que la compagnie vosgienne soit rapidement accompagnée. Elle prévoit de nouveaux recrutements dès septembre, qui devront être formés.

Baccarat, la compagnie vosgienne et bien d’autres encore, nos entreprises ne manquent pas de savoir-faire artisanaux et industriels, qu’il s’agit de défendre lorsque nous le pouvons. Je veux citer également le cas de Saint Gobain PAM dont la situation doit nous appeler également à la vigilance.

Même si nous ne disposons plus de la compétence formation, nous pouvons agir en structurant des filières comme nous le faisons avec la Silver economie, valoriser des entreprises, actions que nous menons avec notre politique sur l’économie solidaire. Nous pouvons agir par l’insertion, nous pouvons favoriser la commande locale. Le département de Meurthe et Moselle met tout en œuvre pour développer ses industries et valoriser les savoir-faire de sa population.