Question de Frédéric MAGUIN sur la sauvegarde du patrimoine (Notre-Dame)

Session de juin 2019 | Questions d’actualité

Frédéric MAGUIN

Conseiller départemental du canton de Nancy-3

Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le Président,

le 15 avril dernier, la cathédrale Notre-Dame de Paris, propriété de l’État, était ravagée par un incendie suscitant une vive émotion tant à l’échelle locale (on se remémore l’épisode de l’incendie du Château de Lunéville en 2003), nationale qu’internationale. Rapidement, le Président de la République en appelait à la « générosité de tous » via une souscription nationale portée par 4 organismes. Délai de reconstruction souhaité : 5 ans !

Face à ce drame patrimonial, s’en suivit un élan de générosité incroyable, faisant grimper la promesse de dons à 850 millions d’euros ; une somme considérable issue de contributeurs privés et publics. Au moment même où les annonces nationales répondant au mouvement des “Gilets jaunes” étaient attendues, le débat autour du financement de cette reconstruction colossale était lancé et certaines tensions ravivées !

Parallèlement, des élus de tous bords témoignaient de leur émotion et exprimaient leur soutien à la reconstruction de Notre-Dame ; les associations d’élus s’inscrivant dans la dynamique nationale à l’instar de l’AMF qui a appelé les communes et intercommunalités de France à être solidaires de la restauration de Notre-Dame.

Puis, un mois après la catastrophe, la Fondation du Patrimoine considérant cette collecte réussie comme « une étape historique dans la philanthropie nationale” décidait de clôturer celle-ci pour en ouvrir une autre dédiée cette fois à la sécurisation de notre patrimoine. “Plus jamais ça !”, c’est ainsi que nous enjoint la Fondation à travers cette nouvelle contribution visant la restauration de 2 800 sites menacés en France. Le Château de Thorey-Lyautey compte d’ailleurs parmi ces “petites Notre-Dame”.

Dans ce contexte, je souhaitais savoir comment le Département pouvait se saisir de manière structurante de cette prise de conscience collective de la fragilité de notre patrimoine (classé ou non) et de la nécessaire préservation et valorisation de nos savoir-faire, amorcée par la médiatisation de Notre-Dame.

Réponse de Nicole CREUSOT, vice-présidente déléguée à la culture

Cher Collègue,

Je crois pouvoir dire que nous avons tous partagé l’émotion suscitée par l’incendie de Notre Dame de Paris, monument emblématique de la création humaine et de notre histoire nationale. Cette forte émotion a engendré  des dons à une hauteur telle qu’elle n’appelle plus aujourd’hui une mobilisation financière de notre collectivité mais nous nous engagerons auprès des entreprises de notre département, dans des logiques de partenariat autour de l’insertion professionnelle qui seraient amenées dans les années à intervenir sur ce chantier titanesque.

En effet ce drame a fait fortement écho ici en Meurthe-et-Moselle à plusieurs titres.

D’abord parce qu’au cœur du chantier de restauration de Notre-Dame se trouvait une entreprise de notre territoire « Le bras frères » installées à Jarny. A l’occasion des dernières rencontres territoriales du territoire de Briey, le président et certains d’entre vous ont eu l’occasion de visiter cette entreprise familiale exceptionnelle spécialisée dans la charpente, la couverture et l’échafaudage via sa filiale Europe échafaudage avec une spécialité monuments historiques. Elle est intervenue sur de nombreux édifices lorrains prestigieux et son savoir-faire est désormais reconnu bien au-delà, ce qui lui avait valu d’être retenu pour le chantier de restauration de Notre-Dame. Ils y interviennent toujours pour conforter le bâtiment, soutenir les restes de la charpente et bâcher l’édifice. Parallèlement, Le Bras Frères mène notamment le chantier de couverture et d’ornements de la chapelle royale de Versailles par exemple et œuvre sur une dizaine de cathédrales en France. 140 salariés travaillent pour cette entreprise qui a été prise malgré elle dans un emballement médiatique et nous allons travailler ensemble pour mettre en valeur leurs métiers, leurs compétences et les opportunités de recrutement et de formation qu’ils offrent comme nous le ferons pour l’ensemble de la filière en Meurthe-et-Moselle qui intervient dans le domaine patrimonial afin de mieux la faire connaître.

Ensuite ce drame a également fait écho douloureusement à ce que nous avons vécu ici en 2003 au Château de Lunéville. Si ce dernier a bénéficié d’un bel élan de solidarité, il n’est pas comparable à celui de Notre-Dame. Et pour nous le chemin sera encore long pour redonner toute sa fonctionnalité au bâtiment.

Cet incendie du 15 avril dernier a enfin rappelé comme vous le soulignez que de nombreux édifices patrimoniaux sont attentes d’une intervention de restauration ou même de sauvegarde. Notre collectivité s’est mobilisée depuis de nombreuses années. Elle finance la Fondation de patrimoine et ponctuellement, à travers le CTS des projets de restauration.

Et, surtout en 2007, l’acte II de la décentralisation a transféré les services et les compétences de l’Inventaire aux Régions. Celles-ci avaient alors la possibilité de mutualiser cette mission avec les collectivités territoriales volontaires.

Le  Conseil  départemental  a  fait  le  choix  de saisir cette opportunité créant, à cette fin, dès 2008, la Conservation départementale du patrimoine pour étudier, protéger, conserver, et valoriser notre patrimoine départemental. Aussi, je vous propose que notre conservatrice vienne présenter son travail lors d’une prochaine commission éducation qui pourra être ouverte à tous les conseillers intéressés.