A la suite du vote du budget 2016 du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle en mars dernier, nous avons sollicité Michèle Pilot afin qu’elle nous éclaire sur les conditions particulières de cet exercice budgétaire.
Le budget 2016 a été adopté en mars de cette année alors qu’habituellement il est adopté l’année précédant l’exercice. Pour quelles raisons ?
Tout d’abord, je souhaite rassurer les Meurthe-et-Mosellans sur le fait que cela n’a absolument aucun effet sur la continuité et la qualité de leurs services publics départementaux.
Aujourd’hui, toutes les collectivités locales évoluent dans un contexte financier contraint tout en devant préserver leurs politiques publiques de proximité. Des politiques publiques au cœur du quotidien de nos concitoyens : accompagnement des personnes âgées et handicapées, insertion, éducation, mobilités, environnement, agriculture.
Il convient aussi de ne pas oublier les négociations sur le financement du RSA. Notre Président, Mathieu Klein, a repris avec un engagement sans faille le combat mené pendant plus de dix ans par Michel Dinet, son prédécesseur, sur cette question. Aujourd’hui, nous sommes à un tournant majeur avec les négociations sur la recentralisation. L’aboutissement de cette négociation permettrait de concentrer les moyens vers l’accompagnement des personnes dans le cadre des actions d’insertion.
Toutes ces raisons font que le travail d’élaboration a nécessité de prendre le temps nécessaire à l’élaboration d’un budget de première année pleine d’exercice.
Pour le budget 2017, nous retrouverons un rythme classique de travail budgétaire.
Quelle est la dépense la plus importante pour un conseil départemental depuis la nouvelle réforme territoriale ?
La loi NOTRe a confirmé les conseils départementaux dans leurs missions de solidarité, notre cœur de métier. Nous avons fait le choix de donner une dynamique supplémentaire à notre action en renforçant notre action à destination de l’enfance avec notamment un plan pauvreté qui se veut une réponse forte à une problématique sensible.
La solidarité pour un département, ce sont aussi les Allocations Individuelles de Solidarité (AIS). Pour la Meurthe-et-Moselle, les AIS (Revenu de Solidarité Active, Allocation Personnalisée d’Autonomie et Prestation de Compensation Handicap confondus) représentent plus d’un tiers du budget de fonctionnement, soit 234,9 millions d’euros. Il s’agit d’une importante charge pour notre budget, mais nous avons décidé de maintenir un budget ambitieux pour soutenir notre politique solidaire à l’égard de nos territoires et des Meurthe-et-Mosellans.
Quelle a été votre approche pour l’élaboration de ce budget ?
Sans hésitation, nous avons balayé d’un revers de la main les choix faciles d’augmenter la fiscalité, contrairement à d’autres collectivités, ou de recourir plus fortement à l’emprunt. Nous ne souhaitons ni sanctionner les Meurthe-et-Mosellans en dégradant leur pouvoir d’achat, ni hypothéquer leur avenir en creusant la dette départementale. Nous avons donc élaboré ce budget en ayant comme principal objectif, celui d’assurer l’avenir, tout en continuant à agir et à innover.
Pour continuer d’assurer nos compétences obligatoires, pour préserver nos politiques innovantes et notre capacité d’investissement, nous avons mis le curseur sur une baisse des dépenses de fonctionnement. Nous préservons notre autonomie fiscale, maintenons notre fiscalité et maîtrisons notre recours à l’emprunt.
Nous faisons preuve d’une gestion saine et maîtrisée. Cette ligne de conduite nous permet de respecter nos engagements pris en mars 2015, sans compromettre nos valeurs et nos convictions humanistes et républicaines. Une collectivité bien gérée est une collectivité qui conserve les moyens de sa politique. C’est ce que nous continuerons à faire en 2016 et les prochaines années, dans la limite de nos capacités budgétaires.
Nous transformons la parole donnée hier en parole tenue aujourd’hui !