Interview | Mai 2020
3 questions à Gauthier Brunner
Président du Conseil d’administration du Service départemental d’incendie et de secours de Meurthe-et-Moselle (SDIS 54) et conseiller départemental du Canton de Meine-au-Saintois
Le Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques 2020-2024 a été soumis ce mois-ci à l’assemblée départementale pour avis. Quelles sont les grandes orientations de ce schéma ?
L’ambition majeure du SDIS demeure la progression et la modernisation de la qualité générale des services de secours du département.
Ce schéma a été travaillé en articulation avec la convention pluriannuelle 2019-2021 entre le SDIS 54 et le Département qui fixe des engagements réciproques, et qui réaffirme notamment l’engagement financier en augmentation progressive du Département, principal financeur du SDIS 54.
Ce document stratégique détermine le cadre des différentes politiques du SDIS que ce soit en matière d’équipement, d’immobilier, de dimensionnement des effectifs ou de plan de formation des agents. Au total, le projet de SDACR 2020-2024 définit 84 objectifs qui découlent de l’analyse des risques et de leurs couvertures.
Les risques ont-ils évolués depuis le précédent schéma ?
Concernant les risques courants, il n’y a pas d’évolution notable.
Les risques naturels connaissent une faible évolution sur la période, même s’il ne faut pas négliger l’impact des phénomènes climatiques. On se souvient notamment des feux de chaumes de l’été dernier…
Par ailleurs, les risques complexes comme la menace terroriste – toujours existante – ou les risques technologiques nécessitent des réponses et des organisations spécifiques (ce sont les mesures ORSEC) que les SDIS anticipent.
Puis, les risques sanitaires nous y sommes tous de plein fouet confrontés ! Un plan de continuité des services a été mis en place pour garantir la réponse opérationnelle des services. Dans ce contexte, il faut saluer là encore le pouvoir d’adaptation des pompiers et des personnels du SDIS. Ses femmes et ses hommes sont restés mobilisés aux cotés des acteurs du secours et de la santé pour assurer la protection des Meurthe-et-Mosellans.
Enfin, je souhaiterais insister sur un point particulier, c’est l’augmentation des incivilités et des agressions envers les sapeurs-pompiers. Les équipes du SDIS de Meurthe-et-Moselle, comme celles du reste de la France, doivent faire face à ces comportements inadmissibles qui menacent l’intégrité physique et morale de ceux qui nous protègent.
Le nombre d’interventions a été en constante augmentation ces dernières années, qu’en est-il aujourd’hui ?
Les statistiques opérationnelles sont éloquentes. Les interventions ont été en augmentation constante depuis 20 ans, avec un taux croissant d’interventions pour du secours à la personne. Sur la période 2015/2018, les services d’incendie et de secours de Meurthe-et-Moselle ont effectué en moyenne 137 interventions par jour, dont 75% pour des secours d’urgences et d’assistance aux victimes. Les chiffres tendent vers une stabilisation, mais celle-ci devra être confirmée au-delà de la période de crise sanitaire.
Malgré cette situation, nous maintenons le cap d’une couverture opérationnelle performante, comme l’a mentionné l’Inspection de la Défense et de la Sécurité Civile (IDSC) dans son rapport ; cela grâce à « un bon maillage territorial des centres de secours, un parc immobilier de bonne qualité, des personnels qualifiés et du matériel en nombre de qualité ».
Un des objectifs du SDIS demeure la diminution des carences ambulancières – au nombre de 9 000 en 2018. Il s’agit de recentrer les interventions de secours à personne non urgentes ou d’assistance vers les bons opérateurs, et réduire ainsi la pression induite sur les centres de secours. Nous travaillons en ce sens aux côtés de l’Agence Régionale de Santé : un coordonnateur ambulancier a été recruté il y a quelques mois au SAMU ; une ambulance privée a été mise en place à Lunéville et deux autres sont prévues à Nancy et dans le Pays-Haut.
La performance de la réponse opérationnelle passe également par le recrutement de sapeurs-pompiers volontaires. Des actions seront prévues dans les secteurs en tension, davantage situés dans la ruralité.
Parallèlement, la sensibilisation et la formation du grand public aux « gestes qui sauvent » est à poursuivre et à intensifier. C’est l’objet par exemple de l’opération nationale le Bon Samaritain que le SDIS 54 accompagne, ou encore de l’opération de formation menée auprès des collégien.ne.s de 5e. Il faut dire que le volet « citoyenneté » est un axe fort que le Département a souhaité inscrire dans son conventionnement.