Question d’actualité | Anthony PERRIN sur les violences dans la société

Session départementale du 22 novembre 2021 | Questions d’actualité

Anthony PERRIN, conseiller départemental du canton de Nancy-2, délégué au territoire du Grand Nancy

Contre les violences dans la société

Réponse de la vice-présidente déléguée à l’enfance et la famille, Marie-José AMAH

Cher-e-s collègues, Cher Anthony,

En France, plus de 90.000 femmes déclarent avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol. S’il y a quelques années encore, moins d’une victime sur dix déclarait avoir déposé plainte, cette proportion a sensiblement augmenté suite au mouvement #MeToo. La dénonciation des actes et la libération de la parole ont depuis été facilitées. C’est sans doute là le premier facteur de prévention de la criminalité et la délinquance sexuelle à l’encontre les femmes.

Parallèlement à cette exigence de témoignage qui doit aussi s’accompagner meilleure écoute des forces de police et d’une grande fermeté de la Justice, la Meurthe-et-Moselle est évidemment engagée dans la lutte contre les violences. Dans le cadre de ses compétences, le Conseil départemental agit au moins sur trois leviers : le repérage, la sensibilisation voire l’éducation et la prévention. Nous sommes également engagés dans le contrat local sur les violences sexistes et sexuelles animé par la Préfecture.

Dans le champ du repérage et de la protection,

le centre parental du REMM et l’ensemble des lieux d’accueil mère-enfant relevant de la protection de l’enfance ou de la PMI constituent un premier maillon. Plus largement, les services sociaux du Département ont un rôle important en matière de repérage des violences. Cela s’opère quasi exclusivement dans le cadre de rencontres individuelles.

En matière de violence faites aux enfants ce sont évidemment tous les professionnels de de la protection de l’enfance qui sont mobilisés de la PMI à l’ASE… et la CEMMA (Cellule Enfance Meurthe-et-Moselle Accueil, cellule pour la protection de l’enfance) a en charge la gestion des informations préoccupantes sur la base desquelles s’enclenche toujours un processus d’investigation qui peut déboucher sur des mises sous protection.

Mais pour protéger l’enfant, il faut aussi protéger sa mère car, comme le précisait la présidente Chaynesse Khirouni dans son propos introductif, l’enfant n’est jamais « témoin » des violences mais victime.

Or, dans l’immense majorité des cas, l’enfant est présent quand sa mère subit des violences de la part de son conjoint. Mais l’enfant n’est pas extérieur à la scène, il n’est pas neutre.

L’enfant victime de violences conjugales est toujours aux aguets, il est inquiet, jamais tranquille. Il présente de 10 à 20 fois plus de troubles affectifs et comportementaux qu’un autre. D’où l’importance de savoir détecter ces troubles, et en parler avec les mères victimes de violences.

Les violences psychologiques sont plus délicates à identifier ce qui explique la nécessité de former les travailleurs sociaux et à les sensibiliser à l’existence du réseau de lutte contre les violences afin d’orienter les femmes soit vers des associations spécialisées, soit vers des lieux d’accueil.

Le Conseil départemental soutient également un grand nombre d’initiatives portées par des partenaires au titre de la protection et de l’accompagnement de victimes de violences conjugales :

  • L’hébergement des femmes victimes de violences. Le foyer géré par Arélia est par exemple financé par le Département.
  • Le dispositif de téléphone « grave danger » porté dans le Département par l’association France Victime 54.
  • L’intervention sociale en gendarmerie, avec la mise à disposition d’un travailleur social du Département, et l’intervention sociale en commissariat de police, mise en œuvre par l’ARS en partenariat avec le CPN et dont l’action touche de manière importante des victimes de violences intraconjugales.
  • Nous soutenons également l’association Terres à vivre qui accompagne les victimes et auteurs de violences conjugales pour limiter les risques de récidives.

Enfin, toujours dans le champ de la protection,

rappelons le rôle du CIDFF, partenaire du Conseil départemental qui accueille, écoute les victimes et dispose de référents violences. Il dispense des conseils juridiques et oriente. Le CIDFF anime un réseau de 80 acteurs allant de l’ARS à la police en passant par les associations d’hébergement ou d’insertion et comprenant les services du Département de Meurthe-et-Moselle.

Dans le domaine de l’éducation et de la prévention,

le Conseil départemental veille à la formation de ses professionnel-le-s intervenant dans le champ du social. Je pense notamment aux Journées départementales des professionnel.le.s du service de PMI et de ses partenaires.

Dans le même ordre d’idées, le CIDFF organise régulièrement des formations à l’attention de ces mêmes professionnel.le.s du social mais aussi aux agents du SDIS afin de les former au repérage et à l’orientation des victimes.

Enfin, le Département développe des actions de prévention et de sensibilisation en lien avec l’Education nationale.

A ce titre, il faut souligner la forte inscription dans la stratégie de prévention du programme « cet autre que moi » dans les collèges de Meurthe-et-Moselle et qui est piloté par la direction de l’éducation.

Ce programme, que nous mettons en œuvre avec l’association « je, tu, il… » est une action d’éducation à la responsabilité qui s’articule autour de l’altérité, de la construction de soi et de la prise en compte de la différence. Dans les collèges du 54, ce sont des centaines de personnes qui sont formées, représentant 23 fonctions et métiers  de l’éducation, dans plus de 60 collèges répartis sur les différents bassins d’éducation et de formation.

Pour compléter ce tableau de notre politique publique de lutte contre les violences sexistes, permettez-moi de rappeler que la démarche « égalité fraternité agissez ! » et notamment les Rendez-vous de l’égalité portés par la mission citoyenneté et engagement qui traite régulièrement de ces questions.

C’est dans le cadre de cette démarche qu’ont eu lieu, à titre d’illustration :

  • la présentation du réseau d’alerte « discriminations et agressions sexuelles » de l’université de Lorraine,
  • la formation des agents du Conseil départemental sur l’égalité femmes-hommes dans le travail et la lutte contre les stéréotypes de genre,
  • ou encore une manifestation sportive de football féminin visant à travailler sur les stéréotypes et les propos misogynes dans le milieu sportif.

Pour conclure, permettez-moi de rappeler que le Département participe au groupe de travail préfectoral. Il assure un travail de veille et de suivi des mesures mises en œuvre dans ce domaine et notamment par l’Etat. Il s’est aussi inscrit dans le groupe de travail mené par Lauranne Witt-Gautier et à son projet d’ouverture de Maison des femmes à Nancy.

Soyez assurés cher.e.s collègues, que l’engagement du Conseil départemental contre les violences restera une priorité qui irradie, comme vous avez pu le constater, nos grandes politiques publiques. Je vous remercie.