Session de novembre 2019 | Questions d’actualité

Question d’Agnès MARCHAND

Vice-présidente, conseillère départementale du canton de Meine au Saintois

Monsieur le Président,

La promotion et l’éducation à une alimentation digne et durable sont au cœur de nos préoccupations départementales. Les enjeux environnementaux, la crise agricole que nous traversons ou encore le défi de la lutte contre la pauvreté font de cette question centrale de l’alimentation un sujet prégnant.

Au Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, nous avons fait le choix d’une politique volontariste d’amélioration de la restauration scolaire axée sur la qualité et l’accessibilité.

La qualité d’abord en assurant une alimentation sûre et diversifiée aux demi-pensionnaires de nos collèges et en encourageant l’approvisionnement local. Cette double ambition se traduit notamment par 2 mesures incitatives (très concrètes) : l’introduction d’une dépense minimale moyenne de denrées, fixée cette année à 1.85€ par repas et par élève ; le déploiement du dispositif « paniers collèges » – initié sur le territoire Terres de Lorraine et étendu depuis à l’ensemble des territoires.

L’accessibilité ensuite en misant sur une tarification sociale progressive qui tient compte de la capacité contributive des familles.

Ces choix qualitatifs convergent d’ailleurs vers les objectifs de la règlementation nationale instaurés par la loi Egalim de 2018 en matière de restauration scolaire. Rappelons que d’ici 2 ans, les repas servis dans les cantines devront comprendre au moins 20% de bio et au moins 50% de produits locaux, durables ou sous signe de qualité.

De la même manière, une nouvelle disposition de la loi Egalim est entrée en vigueur au 1er novembre 2019 : « les gestionnaires publics ou privés des services de restauration collective scolaire sont tenus de proposer, au moins une fois par semaine, un menu végétarien ». Cela concerne l’ensemble de la restauration collective scolaire de la maternelle au lycée, publics et privés, incluant bien évidemment les collèges dont le Département à la charge. Il convient d’ailleurs de préciser sur ce point que c’est bien à l’Education nationale de faire appliquer cette loi.

Si cette mesure expérimentale en faveur d’une alimentation durable incluant moins de protéines animales va dans le bon sens, elle suscite néanmoins des inquiétudes : certains parents d’élèves y voient une dégradation de la qualité nutritionnelle des repas proposés dans les cantines ; certains éleveurs locaux y voient une menace pour leur activité.

Aussi, Monsieur le Président, pour lever ces appréhensions, pourriez-vous préciser à notre assemblée le positionnement du Département sur cette question ainsi que les dispositions mises en œuvre ou envisagées en Meurthe-et-Moselle pour assurer cette transition alimentaire.

Je vous remercie.


Réponse d’Audrey NORMAND

Vice-présidente déléguée à l’agriculture et l’environnement

Agnès, chère collègue,

L’engagement ancien du Département de Meurthe-et-Moselle pour l’accès de chacun à une alimentation saine et durable rencontre les objectifs de la loi EGALIM promulguée l’an dernier à l’issue des Etats Généraux de l’alimentation.

Cette loi comprend plusieurs volets, notamment l’inversion de la construction des prix des denrées alimentaires qui devait permettre de rémunérer plus justement les agriculteurs : sur ce point, les résultats se font toujours attendre et nous ne pouvons que le regretter !

Concernant la mise en place d’un repas végétarien dans les cantines des collèges, c’est effectivement une disposition qui s’impose à l’ensemble des collèges depuis le 1er novembre 2018 et c’est la responsabilité de l’Education Nationale de la faire appliquer, dans la mesure où le conseil départemental a fait le choix, comme vous le savez, de déléguer la mise en œuvre du service de restauration aux établissements publics locaux d’enseignements, dans une logique d’autonomie, de qualité et de proximité.

En revanche, nous intervenons aux côtés des chefs de cuisine, gestionnaires et principaux pour les accompagner dans la production de repas équilibrés de qualité, avec une priorité donnée aux produits issus circuits de proximité et de l’agriculture biologique.

A ce titre, nous déployons une palette d’outils comme le dispositif paniers collèges, la formation des chefs de cuisine ou l’élaboration de recettes à base de protéines végétales, issues de légumineuses locales, en lien d’ailleurs avec le lycée agricole de Pixérécourt.

Cette question du repas végétarien est éminemment sensible chez nos éleveurs locaux qui sont déjà rudement éprouvés et parce qu’ils craignent à la fois pour la survie de leur exploitation mais aussi par le fait d’être stigmatisés. 

Je crois donc qu’il nous faut être clairs : moins de viande doit aussi rimer avec mieux de viande, et ce ‘mieux de viande » intègre implicitement la viande de qualité que produisent les agriculteurs de notre territoire. 

Parce qu’en effet, le modèle agricole de polyculture-élevage qui est caractéristique de notre territoire est un atout évident pour la transition alimentaire et que la baisse de consommation de viande en général doit simultanément s’accompagner d’une augmentation de la part de viande locale. 

Autant dire que nous ne sommes pas prêts d’arrêter de soutenir nos éleveurs.