Question d’Audrey BARDOT sur les expulsions de jeunes migrants accompagnés par le département depuis plusieurs années

Session du 22 mars 2022 | Questions d’actualité

Question d’Audrey BARDOT, vice-présidente
conseillère départementale du canton de Neuves-Maisons

Expulsion d’Oumar Dembélé et situation de jeunes migrants accompagnés par le département sous le coup d’OQTF

Madame la Présidente, mes chers collègues,

Nous avons été nombreuses et nombreux à être émus du sort réservé à Oumar Dembélé, jeune migrant orphelin de 19 ans expulsé vendredi 11 mars matin vers le Mali, après 2 mois passés en centre de rétention administrative.

Arrivé en France il y a plus de 3 ans, Oumar s’était pleinement intégré : reconnu mineur non-accompagné, il est confié au département et suivi par les services départementaux de la protection de l’enfance. Scolarisé au lycée Héré de Nancy, il obtient un CAP Plomberie. Parallèlement, il fréquente un club d’athlétisme, le Nancy Athlétisme Métropole, en devient bénévole mais aussi une étoile montante. A sa majorité, le département l’accompagne par un contrat jeune majeur, reconduit à plusieurs reprises.

Malgré son implication dans la vie sociale et sportive de notre territoire, Oumar reçoit une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Malgré la mobilisation de ses proches, du club et de nombreux élus, la préfecture ne reviendra pas sur sa décision : il est expulsé le 11 mars dernier au Mali. En cause : des documents irréguliers. La préfecture a donc décidé de le renvoyer dans un pays d’origine où il n’a plus d’attache et où la situation est extrêmement instable et préoccupante pour les civils. Souvenez-vous du 31 janvier dernier où nous nous étions émus de l’expulsion de l’ambassadeur de France par le Mali.

Aujourd’hui cette décision préfectorale dévaste sa grande famille d’adoption qu’est le club d’athlétisme auquel il adhérait depuis 3 ans et où il participait activement, une famille de coeur qui craint pour son avenir autant qu’elle le regrette. Elle m’émeut aussi profondément à titre personnel en tant qu’élue de la République et en tant que Française : j’ai vraiment honte de notre manière de nous comporter.

Oumar – comme de nombreux autres anciens MNA pleinement intégrés mais pourtant expulsés – sont souvent une chance pour notre pays. En les expulsant l’Etat nous prive d’une richesse à tous points de vue pour notre territoire et oublie les valeurs qui fondent la France. Avoir des règles est capital pour notre vie en société, mais il est capital qu’elles soient justes. Quand elles nous font perdre notre Humanité et notre âme, c’est qu’elles ne sont pas bonnes.

Malheureusement, le cas d’Oumar n’est pas un cas isolé et pointe les incohérences de nos politiques : d’un côté, nous avons les conseils départementaux qui tentent d’assurer la continuité de ses politiques de protection de l’enfance en garantissant aux jeunes des contrats jeunes majeurs ; d’un autre côté, nous avons l’État qui balaie l’ensemble de l’investissement social, humain et éducatif qui a été réalisé au cours de leur parcours. A quel prix humain et, de manière prosaïque à quel coût en termes d’argent public s’élève ce gâchis ?

Madame la Présidente, comment éviter que de telles situations se reproduisent ? Quels sont les leviers d’actions du département pour sécuriser davantage les parcours de ces jeunes migrants accompagnés par notre collectivité ?

Je vous remercie.


Réponse de la vice-présidente déléguée à la protection de l’enfance et à la famille, Marie-José AMAH

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