Question de Valérie BEAUSERT-LEICK sur la situation de Saint-Gobain PAM

Session de juin 2019 | Questions d’actualité

Seul le prononcé fait foi.

Situation Saint-Gobain PAM

Valérie Beausert Leick

1ère Vice-Présidente

Le 12 avril dernier, aux côtes de l’intersyndicale de Saint Gobain PAM, des parlementaires, des élus régionaux, départementaux, des maires concernés et des élus haut-marnais, vous avez présidé une rencontre sur le devenir des unités Saint Gobain PAM implantées en Meurthe-et-Moselle et Haute-Marne. Ce qui nous a fait réagir, c’est l’annonce d’une cession de Saint Gobain, fleuron industriel de la Lorraine, à un groupe chinois. Vous avez indiqué le rôle du Département dans le soutien aux territoires et aux acteurs locaux, économiques et sociaux.

Vous avez appelé au rassemblement des forces politiques et syndicales pour favoriser l’unité de l’ensemble des acteurs du territoire dans l’intérêt du maintien de l’outil de production, de son développement et de la sauvegarde des emplois.

Tous les élus présents ou représentés dans leur diversité de sensibilités ou de responsabilités ont signé une déclaration commune indiquant leur soutien à un véritable projet industriel européen pour Saint-Gobain PAM et à un engagement à mobiliser tous les moyens nécessaires pour renforcer la compétitivité de l’entreprise.

Une rencontre a eu lieu le 16 avril dernier avec Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances, en présence d’une délégation d’élus de Meurthe-et-Moselle et de Haute-Marne pour obtenir l’appui et le soutien du Gouvernement. D’autres réunions aux périmètres et aux formats différents se sont également tenues. Des mobilisations et appels aux rassemblements des forces syndicales sont encore aujourd’hui d’actualité.

Au-delà des améliorations annoncées dans le projet d’avenir de l’entreprise élaboré et présenté en 2017, Saint-Gobain PAM dispose d’un centre de recherche performant regroupant à ce jour une quarantaine de chercheurs travaillant à la validation de brevets et à leur reconduction, c’est une vrai valeur ajoutée pour l’entreprise, mais aussi pour notre territoire.

Le département n’a plus de compétence économique réelle mais s’est mobilisé pleinement depuis le début aux côtés des salariés de Saint-Gobain PAM, ainsi pourriez-vous nous indiquer, Monsieur le Président, la teneur de la situation actuelle, en fonction des informations en votre possession ?

Je ne peux m’empêcher d’avoir à cet instant une pensée pour les salariés et leurs familles en attente d’une décision qui aura un impact important sur le devenir de ce fleuron industriel et de ses sites, mais également pour leur propre devenir personnel et familial.

Je souhaite associer à cette question les salariés d’entreprises en difficulté comme à FVM à Villers-la-Montagne, SKTB à Gorcy qui vient d’être liquidée, Général Electric site de Champigneulles et BCC à Custines, par exemple. Ce ne sont que des exemples des fragilités économiques que nous pouvons rencontrer sur notre territoire.

Je vous remercie.

Réponse de Laurent TROGRLIC

Vice-président délégué au développement économique et à l’attractivité

Chère collègue,

Comme vous l’avez rappelé, le Département n’a plus de compétence économique, pour autant ça ne l’empêche pas d’être très attentif à l’évolution de l’économie sur son territoire, et plus particulièrement au travers des groupes industriels qui composent cette économie.

Vous évoquez plusieurs sujets, nous les suivons avec beaucoup d’attention, plus particulièrement celui de Saint-Gobain Pont-à-Mousson, fleuron industriel fort d’un savoir-faire, d’une histoire, important aujourd’hui dans le cycle de l’eau.

Ce sont 5 sites et 2000 emplois directs dans la Région, qui en toute logique, selon les informations données par la direction, font l’objet d’une recherche de partenaire pour consolider ses positions sur le marché de la canalisation à l’international. Nous avions déjà eu l’occasion en 2017 de rencontrer les dirigeants de l’entreprise pour évoquer le plan d’avenir qui voulait réduire les coûts dans ses usines. Nous avions d’ailleurs attirer l’attention, à l’époque, des responsables sur le montant de l’investissement prévu qui ne nous paraissait pas obligatoirement à la hauteur des enjeux à venir.

La problématique est claire. Le marché de la canalisation se fait aujourd’hui en Asie. Une canalisation sur deux dans le monde est vendue en Chine ; une sur quatre est vendue en Inde. Des acteurs industriels venus d’Asie grossissent et récupèrent également des marchés en Afrique. C’est donc un contexte de profonde mutation que subit Saint-Gobain Pont-à-Mousson qui doit trouver sa place et renforcer ses usines car les usines françaises montrent aujourd’hui une rentabilité en déclin.

Nous sommes en contact permanent avec les dirigeants, mais aussi avec les représentant syndicaux de Saint-Gobain. Dès l’annonce d’ailleurs du projet de cession de part de capital ou d’entrée en part de capital, les élus du département, emmenés par notre président Mathieu Klein, ont proposé une déclaration commune qu’élus départementaux, régionaux, intercommunaux, maires et parlementaires ont signée, après avoir échangé avec les syndicats. Une déclaration demandant un véritable projet industriel européen, le maintien des emplois, la protection du secteur stratégique lié au cycle de l’eau et la mobilisation des crédits nécessaires. C’est les demandes qui ont été formulées avec un front politique commun qu’il faut souligner et qui oeuvre dans le même sens.

Nous sommes très attachés à cette entreprise et nous souhaitons que soit trouvé une solution, éventuellement au travers d’un partenaire industriel européen qui investisse massivement dans cet outil de production, plus particulièrement sur les sites de notre département ; ce qui n’a pas été assez fait ces dernières années. Les investissements ont été réalisés sur d’autres unités de production, notamment en Chine, sans avoir finalement le succès escompté.

Les auditions se poursuivent : il y a eu une rencontre à Bercy avec le Ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, le 16 avril, un échange avec le commissaire européen Pierre Moscovici en mai ainsi qu’avec les professionnels du monde de l’eau et les dirigeants de Saint-Gobain, les représentants syndicaux avaient été vus préalablement.

Il est une volonté de trouver une solution pérenne pour Saint-Gobain Pont-à-Mousson. La Direction générale des entreprises (DGE) a été missionnée d’ailleurs par le ministre pour mener une expertise sur l’entreprise, avant une décision qui devrait être prise à l’automne. Nous souhaitons donc pouvoir rencontrer la DGE pour savoir ce qui devrait être fait.

Il n’y a pas nécessité de précipitation, simplement une attention forte, il n’y pas non plus volonté d’une politisation excessive, simplement c’est un dossier que nous devons suivre avec nuance dans nos propos et surtout en intelligence avec l’ensemble des acteurs concernés.

Vous avez évoqué d’autres situations industrielles à commencer par les fonderies de Villers-la-Montagne. Depuis un an et demi, la société, spécialisée dans la fabrication de carters pour l’automobile connait de grandes difficultés. Le tribunal de Paris a ordonné en décembre 2017 sa reprise par l’actionnaire chinois Jinjiang. Le repreneur avait annoncé 20 millions d’euros d’investissement. Malheureusement aujourd’hui les représentants du personnel ont été reçus cette semaine à Bercy et une rencontre avec les élus du territoire s’est tenue ce jeudi 20 juin. Au terme de plusieurs heures de négociation, les parties sont parvenues à un accord global sur le financement d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui va concerner 120 personnes, sans fermeture totale puisqu’il y aura un maintien de 40 personnes qui devraient être conservées. Un protocole engageant les parties devrait être signé rapidement. Néanmoins, il va falloir être d’une très grande vigilance sur l’accompagnement des familles impactées par le PSE et également des conséquences sur le territoire.

Vous évoquez d’autres situations industrielles, plus particulièrement sur le territoire du bassin de Pompey : General Electric, BCC à Custines, la Compagnie Vosgienne de chaussure à Champigneulles. La aussi nous sommes très attentifs et dans des rencontres régulières avec les dirigeants et les représentants du personnel.

Nous souhaitons simplement aujourd’hui – y compris dans le cadre de la démarche qui a été engagée sur le territoire Val de Lorraine – que s’inscrire dans la démarche territoires d’industrie soit porteuse d’efficacité pour mieux répondre et lever un certain nombre de freins en accompagnant la reprise d’entreprise ou l’évolution d’une entreprise dans des difficultés structurelles ; et nous permettre de consolider ces filières industrielles plus particulièrement avec un investissement dans l’outil de production et un maintien de l’emploi.